Première publication le 13 juin 2005
Mis à jour le 13 avril 2022
Traînées de condensation: les grosses taches dans le ciel
En plein confinement, alors qu’on nous chante le Monde d’Après, on en est toujours là :
Champions de la délocalisation, touristes du sexe ou simples consommateurs insouciants de produits-vacances « exotiques », les usagers de l'aviation de masse ont-ils qualité pour la pléthore de passe-droits et de privilèges que leur accordent nos gouvernements ?
- Par leur production de CO2 comme par les cirrus artificiels qu'ils provoquent, les avions à réaction ont un rôle majeur dans l'emballement de l'effet de serre, c'est aujourd'hui établi (voir [1], [2], [3], [4], [6], [7], [8]).
- Survivant aux opérations de désinfection obligatoires des avions, des espèces tropicales de moustiques s'installent aujourd'hui sous nos climats tempérés. C'est le cas par exemple de Aedes albopictus, responsable de la récente épidémie de Chikungunya à la Réunion, et capable de transmettre notamment, parmi au moins 22 virus différents, la dengue, l'encéphalite japonaise, la fièvre jaune et le virus du Nil occidental. Circonscrit à quelques jungles asiatiques il y a encore trente ans, cet insecte se reproduit désormais sur les cinq continents, comme par exemple en France dans une dizaine de communes entre Menton et Nice (voir Science et Vie de juin 2006).
- Même au cœur de la nuit, lorsqu'on s'éloigne des zones urbanisées et de leur constant bruit de fond, le mugissement des réacteurs a mis fin au silence. Au fin fond des campagnes comme ailleurs, seuls les sourds peuvent aujourd'hui dormir la fenêtre ouverte. Comme le dit si bien la Marseillaise : « Entendez-vous, dans nos campagnes, mugir ces absurdes engins ? »
- D'immenses zones au voisinage des aéroports sont aujourd'hui incompatibles avec une vie normale. Le cerveau doit s'adapter, et même quand les enfants ne semblent pas ressentir de gêne, on sait aujourd'hui que cela ne va pas sans conséquences désastreuses sur leurs facultés cognitives et leur pouvoir de concentration (voir [9], [11], [12]).
Les compagnies aériennes (tout particulièrement celles à « bas coût » ou low-cost, qu'on nommerait plus justement à « coût différé ») ne peuvent être rentables que grâce à toute une panoplie de mesures de rançonnage des contribuables, qui leur permet de proposer leurs billets « attractifs », en laissant la note aux générations futures. Les constructeurs également sont largement subventionnés pour des raisons de prestige et de concurrence aveugle.
Le coût environnemental de ce jeu de dupes n'est jamais compris dans le prix du billet, et même le protocole de Kyoto le passe sous silence.
La taxation des activités gravitant autour de l'aviation n'est qu'un festival aussi indécent que méconnu de cadeaux aux plus fortunés (voir [13] (cas de la France), [14] (cas de l'Allemagne)).
Ainsi en France :
- Le kérosène n'est pas taxé, quand tous les hydrocarbures le sont, même le fioul domestique, et souvent très lourdement (environ 80% pour l'essence sans plomb).
- La TVA sur les billets d'avion est de 5.5% contre 19.6% pour le train !
- La TVA est nulle pour l'achat, l'entretien, le nettoyage et la surveillance des avions dont l'activité est à plus de 80% à destination des DOM-TOM ou de l'étranger.
- La taxe foncière est minorée de 30% pour les aéroports, qui par ailleurs sont largement subventionnés à l'investissement comme au fonctionnement.
- La sécurité (PAF) est offerte gracieusement par l'état aux compagnies aériennes.
Au niveau politique, une certaine prise de conscience de cette situation aberrante s'est manifestée en France avec une modeste proposition de taxation des billets d'avion.
Cette taxe est adoptée aujourd'hui, outre la France, par le Chili, la Norvège, Chypre, le Luxembourg, le Brésil et quelques pays en voie de développement. La Grande-Bretagne, qui taxe déjà les billets d'avion, participera indirectement, tandis que les représentants de l'Inde, de l'Allemagne et de la Belgique se sont déclarés intéressés. [15]
On peut juger, du moins si on est favorable au système des taxes, que cette mesure au profit des pays défavorisés va dans le bon sens, mais le chapitre des coûts environnementaux de la sinistre farce qui se joue quotidiennement au-dessus de nos têtes n'y est pas abordé.
Il faut aller beaucoup plus loin
Cette planète est la seule à permettre la vie à des milliards de kilomètres à la ronde, et probablement bien au-delà. Nous n'avons simplement pas le droit de faire des enfants et de saboter le seul endroit qui pourra jamais les accueillir.
Quelques liens (déjà anciens) :
- NASA Scientists Use Empty Skies to Study Climate Change (en anglais)
- Site didactique par des chercheurs de la NASA (en anglais)
- Rapport IPCC sur l'influence de l'aviation sur l'atmosphère terrestre (en anglais)
- Page sur les traînées de condensation, avec de très nombreux liens (en anglais)
- Discussion entre pilotes sur les traînées de condensation, avec des liens (en anglais)
- Actualités - Limiter les émissions engendrées par le trafic aérien - notre-planete.info
- THE JETS & JET FUEL EMISSIONS (en anglais)
- Aperçu des recherches sur les traînées de condensation (en anglais)
- Extension of El Toro airport (en anglais)
- Union Francilienne Contre les Nuisances Aériennes
- The Adverse Health Impacts of Airport Expansion with Particular Reference to Sea-Tac International Airport (en anglais)
- Jet aircraft noise induced stress and cognition (en anglais)
- Repères sur la fiscalité pétrolière
- Iniquité des taxes favorisant l'avion au détriment du train en Allemagne (en anglais)
- Aide aux pays pauvres: 12 pays d'accord pour une taxe sur les billets d'avion (en anglais)
Les rejets des avions à réaction, leur impact sur le climat:
Les nuisances aéroportuaires, le bruit et son impact sur la santé:
Fiscalité:
Auteur : Alexandre Oberlin --- Vos réactions
Ces photos ont été prises mi-janvier 2006 à une dizaine de kilomètres de Menton (06).
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Ces photos ont été prises fin novembre 2005 dans le proche arrière-pays mentonnais. On distingue parfaitement dans le couloir est-ouest comment ces traînées peuvent donner lieu à des cirrus d'une étendue considérable, qui font écran au rayonnement solaire pendant le jour, et produisent un effet de serre nocturne.
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Ces photos ont été prises en mai 2005 à quelques kilomètres du village de Larche, dans les Alpes de Haute Provence, bien loin de tout aéroport.
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