La fin de mes combats épiques contre les berlingots d'eau de Javel ?
Par Alexandre Oberlin le mardi 14 janvier 2014, 19:57:00 UTC - Bric-à-brac - Lien permanent
Qui a inventé l'appendice verseur des berlingots d'eau de Javel ?
Au départ c'était une bonne idée ces berlingots. Certes rien ne vaut les bonnes vieilles bouteilles en verre consignées qu'on rapportait chez son épicier, ou qui faisaient la fortune des gamins débrouillards (et des marchands de bonbons), mais bon : les choses ont changé. Donc ces berlingots permettent d'éviter de produire pas mal de tonnes de déchets par rapport à des bouteilles en plastique d’autant plus polluantes qu’elles sont épaisses et volumineuses.
Seulement voilà, un petit malin a voulu les perfectionner, faciliter la manœuvre avec un prodigieux bec verseur (« facile ».
Adopté par tous les fabricants, l’invraisemblable bec du berlingot de Javel concentrée
Facile : le maître mot quand les publicitaires veulent se payer notre tête, c'est à dire jusqu'à nouvelle informée 24h/24 et 7j/7). Si vous arrivez à transvaser proprement le contenu du berlingot dans une bouteille en utilisant cet étonnant appendice, vous faites sans doute partie des rares élus qui par des facultés surnaturelles se jouent des contingences de ce monde et je suis extrêmement fier croyez-le de vous compter parmi mes lecteurs. Je ne vous demande même pas comment vous vous y prenez, sûr que je suis que je n'y comprendrais rien.
Si par contre vous faites partie de ceux dont l'habileté est moins exceptionnelle, sans doute me direz-vous que quelques gouttes répandues ce n'est pas bien grave. Optimisme fatal ! Il s'agit d'eau de Javel concentrée, et si vous en répandez je vous conseille fortement de laisser en plan toute activité en cours (c'est à dire très probablement le transvasement de ladite eau de Javel, au risque de faire de nouvelles taches) pour essuyer immédiatement. Ce faisant vous allez entrer dans un cycle infernal : je transvase un peu → je répand quelques gouttes → j'arrête tout en hâte pour essuyer → je reprends le transvasement, je répands d’autres gouttes → j'essuie et retour à la case départ, etc. etc.
Je pensais jusqu'à aujourd'hui qu'il fallait se résigner, et que c'était toujours mieux que d'acheter une immonde bouteille en plastique qui finirait dans l'estomac d'un pauvre cétacé. Seulement aujourd'hui j'ai fait fi de la procédure recommandée, j'ai bravé l'interdit, l'absurde, le ridicule et j'ai coupé un AUTRE coin du berlingot. Miracle! Le berlingot peut alors se placer sur le goulot de la bouteille, et le liquide concentré s'écouler sans problème ! J'en suis resté baba, et pourtant je connais la valeur de bien des inepties jetées en pâture à notre crédulité. Pas une goutte de perdue ! Pas de commode en laque de Chine à faire restaurer à grand frais ! Pas de tapis persan irrémédiablement défiguré par des taches livides !
Finalement je me suis dit que je n'avais rien compris depuis le départ et que l'appendice que je croyais verseur n'est en fait là que pour la décoration. À moins que son usage ne soit connu que de quelques privilégiés et de son mystérieux inventeur... La question reste en suspens.