III

Certes, ce ne sont pas comme à Monaco des barbouzes recyclés et ils ne vous traitent pas comme un malfaiteur. Cependant ils ont une particularité : ils marchent au chiffre. Pour faire du chiffre, certains sont prêts à vous raconter n'importe quoi. Voici mon anecdote.

Tard dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 septembre 2011, en plein orage, je suis arrivé arrivé avec mon petit camping-car sur un grand parking désert en pleine forêt, près de Vevey, dans le canton de Vaud. En raison des trombes d’eau, je n'ai pas remarqué tout de suite que la durée du stationnement était limitée à dix heures. J’ai vu le panneau peu après mais finalement j’ai oublié de mettre le disque (il faut dire aussi que j’arrivais de France et qu’en France on utilise peu cet accessoire). Le matin de bonne heure, j’entends discuter non loin de là. Au bout d’un moment, on frappe à la portière du camion. J’ouvre et constate avec délices qu’il s’agit d’un motard de la police. Les joyeux drilles avec qui il plaisantait aux frais de la princesse sont les occupants d’une voiture de police qui s’éloigne. À part ça, le parking est toujours aussi grand et aussi désert...

J’apprends alors que je dois payer 40 francs suisses (environ 35 euros) pour défaut de disque. Le parking est désert, cela semble absurde, mais pour la « Police Riviera » le règlement c'est le règlement. Le bon sens n'y a pas de part, comme en témoighe le gros camping-car garé de l’autre côté de la route, empiétant fortement sur celle-ci et en dehors de tout emplacement : il ne sera pas inquiété.

L'agent : Vous payez tout de suite ? moi : - J'ai le choix ? l'agent : - Non, sinon on bloque le véhicule.

Sic.

L'agent ne m'a pas présenté la contestation de l'amende comme une solution possible. Il m’a délibérément menti en prétendant qu’on bloquerait mon véhicule si je ne payais pas tout de suite. C'est seulement après, en lisant le texte au dos de la contravention, que j'ai compris que j'aurais pu contester.

L'agent n'avait pas la monnaie pour mon billet de 100 francs et et donc en tout état de cause je n’ai pas pu payer immédiatement. Ne voulant pas m'exposer à un blocage intempestif de mon véhicule lors d'un nouveau contrôle éventuel, j'ai été payer à la poste le jour même.

En résumé, non seulement on applique le règlement à la lettre, dans la grande tradition courtelinienne, sans aucune tolérance pour les étrangers fraîchement débarqués, mais, nouvel élément dans la panoplie du fonctionnaire de police : on ne craint pas de mentir pour faire du chiffre ! C'est qu'il faut bien rattraper le temps perdu à draguer les collègues gendarmettes...

En Suisse d’ailleurs, comme presque partout sur le Web depuis Google, on compte sur la publicité pour grapiller des piécettes, ça fait rêver alors on en met partout. Parallèlement, le travail est beaucoup moins à la mode qu’autrefois dans ce pays où vous aurez beaucoup de mal par exemple à trouver ne serait-ce qu’une boulangerie ouverte le dimanche matin.

Pour en revenir au parking, un mystère demeure : pourquoi l’agent de police n’a-t-il pas verbalisé le camping-car gênant de l’autre côté de la route ? Aspirait-il à prendre quelque repos après son épuisant exploit matinal ?

Un conseil pour terminer : ne payez jamais tout de suite à l'agent. En vous décidant plus tard, à tête reposée, cela ne vous coûtera pas plus cher. Et si vous avez quelque argument, vous pourrez le faire valoir et peut-être ne paierez-vous rien au final. La situation est différente en Italie, où on peut vous confisquer le permis de conduire si vous êtes étranger et contestez ou ne voulez pas payer tout de suite...

Notez également que si vous n'avez pas payé, vous avez quelques chances qu'on réponde à vos courriels. Si vous avez payé par contre on ne jugera peut-être pas urgent de vous répondre, un peu comme chez certains commerçants...