Les monuments historiques victimes de la lutte bornée contre la pollution lumineuse

Entre black-out et gaspillage effréné, pas de juste milieu ?

De passage à Briançon par un beau soir en plein mois d'août, j'ai été stupéfait de constater que les fortifications Vauban n'étaient mises en valeur par aucun éclairage. J'ai certes remarqué que la lutte contre la pollution lumineuse avait singulièrement pris de l'ampleur ces dernières années dans certaines régions, et cela est certainement une bonne chose, tout particulièrement dans les zones faiblement urbanisées. Doit-on pour autant aller sans aucun discernement jusqu'au bout de cette logique, au point de sacrifier toute considération d'embellissement nocturne de la ville ? 

Il semble que ce soit là une des caractéristiques des cerveaux administratifs. Ils ont peu d'idées, (on pourrait même dire pas du tout, vu que ce sont toujours des idées empruntées aux cerveaux administratifs des pays voisins, qui eux-mêmes les ont empruntées aux « créatifs » en vogue par chez eux), mais quand ils en ont adopté une, ils vont jusqu'au bout sans craindre aucun excès ni aucune absurdité. Voyez par exemple les ronds-points (grand classique), les dos d'âne (pas les leurs, ceux qu’ils mettent sur les routes avec leurs potes du BTP) ou encore les poteaux en plastique qui, en limitant la largeur des voies en agglomération, font que les cyclistes sont frôlés si ce n'est renversés par le dépassement d'automobilistes ressentant l’irrépressible urgence de passer avant que le feu ne passe au rouge.

Heureusement, la faveur de nos gros monomaniaques va parfois à des équipements qui bénéficient encore d’une grande marge de diffusion, comme les pistes cyclables (encore que même là le délire est au coin de la rue) ou les radars tachymétriques (qu’ils soient indicatifs, pédagogiques ou impitoyables) dont la systématisation serait une bonne alternative aux dos d’ânes dont se rient les possesseurs de 4x4 ou de motos, mais qui sont un pensum pour de nombreux véhicules, utilitaires par exemple.

Pourquoi est-il si difficile à l’État et aux collectivités d'agir au cas par cas plutôt que de toujours pousser leur démarche jusqu’à l’absurde pour finir après bien des déboires par virer à 180° ? Les responsabilités collectives sont elles condamnées à subir une mécanique où le système oblitère bon sens et réflexion individuelle ? Le moins rebelle de nos concitoyens ne peut s’empêcher d’y soupconner des collusions peu claires avec les entreprises de BTP par exemple.

Gageons que nos tristes technocrates seraient plus prudents s'ils devaient payer leur projets avec leurs propres fonds...

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